2023-12-07

Appel à communications

IIe Congrès de l’Association académique des romanistes polonais « Plejada »

en coopération

avec l’Université Jagellonne et l’Université de la Commission de l’Éducation Nationale

LA QUESTION DU SUJET

linguistique, littérature, traduction, didactique, philosophie, arts

CRACOVIE le vendredi 22 et le samedi 23 novembre 2024

L’Association académique des romanistes polonais « Plejada » en collaboration avec les Instituts de Philologie Romane de l’Université Jagellonne et de l’Université de la Commission de l’Éducation Nationale (anciennement Université Pédagogique) organisent ensemble le IIe Congrès de l’Association académique des romanistes polonais. Nous avons le plaisir de vous convier au colloque intitulé « LA QUESTION DU SUJET ». L’objectif des organisateurs est de rassembler les chercheurs qui s’intéressent à la question du sujet en tant qu’être vivant ayant des compétences linguistiques, mais aussi en tant que locuteur, « cogito » et « cogitor », narrateur, personnage, traducteur-interprète, apprenant, enseignant, artiste, comédien.

Les propositions de communication, ouvertes à différents champs disciplinaires, pourront s’inscrire dans les axes suivants :

1)  Axe littéraire

La question du sujet compris et pris pour un être réel ou fictif, auteur ou sujet d’actes créateurs, sujet littéraire ou discursif (disposant de compétences linguistiques), orateur, narrateur, ou sujet poétique, personnage, traducteur-interprète, artiste, revêt sans nul doute un intérêt ontologique, épistémologique, axiologique et esthétique. L’intérêt des spécialistes en littérature des différentes époques, des historiens et des théoriciens de l’art, est porté au sujet littéraire et, plus largement, au sujet artistique. Ainsi défini, le sujet, instance, voix, personnage fictif ou réel, représenté par un pronom personnel, personnalisé ou impersonnel, pose à son tour la question de l’identité, de l’unité et de l’individualité. À l’évidence ces trois traits subissent une évolution qui, dans le cadre de notre civilisation, reste marquée par les passages entre détermination↔indétermination. C’est un sujet qui, de par son point de vue, impose une perspective cognitive, morale ou idéologique. Ce faisant, il déplace le centre d’intérêt vers le lecteur. Et c’est dans cette mesure que l’on pourrait s’intéresser également au lecteur compris comme sujet. Les études de réception ne sauraient, semble-t-il, être écartées de la perspective de ce colloque.

 

Bibliographie indicative :

Mikhail Bakhtine, Esthétique et théorie du roman, Gallimard, Paris, 1978, repris dans la coll. « Tel ».

Émile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Gallimard, Paris, 2000.

Alexandre Gefen, Réparer le monde. La littérature française face au XXIe siècle, Éditions Corti, 2017, Paris, coll. « Essais ».

Gérard Genette, Figures III, Éditions du Seuil, Paris, 1972.

Wolfgang Iser, L’acte de lecture. Théorie de l’effet esthétique, Mardaga, Liège, 1985.

Hans Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception, Gallimard, Paris, 1978.

Dominique Maingueneau, Éléments de linguistique pour le texte littéraire, Bordas, Paris, 3e éd., 1993.

Dominique Rabaté, Poétique de la voix, Éditions Corti, Paris, 2017, coll. « Essais ».

Dominique Rabaté, Joëlle de Sermet et Yves Vadé (textes réunis et présentés par), Le Sujet lyrique en question, Presses Universitaires de Bordeaux, Bordeaux, 1996.

Mirosław Loba, Sujet et théorie littéraire en France après 1968, Wydawnictwo Naukowe UAM, Poznań, 2003.

 

2)  Axe linguistique

En sciences du langage, la question du « sujet » passe par un enchevêtrement de niveaux, tout en donnant lieu à une multitude de notions non substituables les unes aux autres. Aborder le même objet en termes de « sujet parlant », d’« énonciateur », de « locuteur », de « locuteur lambda », de « point de vue », de « voix », etc., équivaut à invoquer différentes perspectives (la langue, l’énonciation, le discours, etc.) et, partant, à privilégier un angle d’approche spécifique. Le sujet est tout d’abord le sujet grammatical – « n’ayant aucune valeur propre » (Martinet 1985) – avec ses traits subjectaux (présence obligatoire/non obligatoire, propriétés « coréférentielles » et « transformationnelles », etc.). La distinction saussurienne « langue/parole » nous permet cependant de distinguer deux approches : soit on repousse le concept de sujet dans la linguistique de la langue, soit on le situe, dans la linguistique énonciative, tel un « sujet in praesentia ». Dans cette dernière perspective, la question est de savoir comment émerge la subjectivité du locuteur. Constituée par et à travers le langage (Benveniste, 2000), selon les trois catégories indispensables à tout acte d’énonciation : a) les pronoms personnels (« je-tu-nous-vous-on-ils » faisant apparaître tout un jeu d’appartenances et de distances entre les deux coprésents dans le discours (l’« instance émettrice » et l’« individu allocuté ») et la « non-personne », b) la deixis et c) la temporalité, cette subjectivité désigne aussi souvent la présence du locuteur manifestée par les embrayeurs ou « traces de l’activité énonciative » (Nølke, 1993, Culioli, 1999) ; l’activité énonciative est également perceptible dans les écarts volontaires par rapport à la norme linguistique ou, au niveau sémantique, dans le choix des termes affectifs et/ou axiologiques. La question du sujet se trouve également au cœur d’approches connexes, pour ne citer que la théorie argumentative de la polyphonie qui remet en cause l’unicité du sujet parlant (Ducrot, 1980). Enfin à ces choix possibles s’ajoutent d’autres interrogations. Ainsi, en analyse de discours, il s’agit de débattre des notions qui permettent d’articuler les pratiques du sujet communiquant aux entités sociales sous-jacentes : le sujet « individu » comme produit d’un milieu social ; le sujet qui se structure par sa propre activité « éthotique » ; la prise en charge ; les dynamiques des identifications multiples, etc. Tout en dépassant le cadre linguistique, le « sujet parlant » devient un concept central des sciences du langage. Ces dernières années, avec l’apparition de l’Intelligence Artificielle, la place du sujet « naturel » est concurrencée par l’apparition d’un sujet « artificiel », statistique, représentant d’une collectivité, ce qui en ouvrant de nouvelles perspectives pose de nouveaux défis.

 

Bibliographie indicative :

Émile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Gallimard, Paris, 2000.

Antoine Culioli, Pour une linguistique de l’énonciation, Ophrys, Gap-Paris, 1999.

Patrick Charaudeau, Le sujet parlant en sciences du langage. Contraintes et libertés. Une perspective interdisciplinaire, Lambert-Lucas, Limoges, 2023.

Gustave Guillaume, Principes de linguistique théorique, recueil de textes inédits, Klincksieck, Paris, 1973.

Claire Larsonneur, « Intelligence artificielle et/ou diversité linguistique : les paradoxes du traitement automatique des langues ». Hybrid no 7, 2021.

Catherine Kerbrat-Orecchioni, L’énonciation de la subjectivité dans le langage, Armand Colin, Paris, 2009.

Henning Nølke, Le regard du Locuteur, pour une linguistique des traces énonciatives, Kimé, Paris, 1993 et 2001.

 

3)  Axe didactique

L’enseignement /apprentissage comporte de multiples facteurs (personnels, matériels, contextuels, relationnels…) ayant chacun un impact sur le déroulement du processus ainsi que sur les résultats de celui-ci. Conformément au discours didactique actuel, les apprenants pourraient être considérés comme des sujets en quelque sorte naturels – mais pas uniques – des analyses ancrées dans la thématique du congrès. En effet, ils se déclinent en publics variés qui exigent une adaptation des finalités et des démarches didactiques en fonction de leurs caractéristiques. Les différences individuelles, le plurilinguisme et le pluriculturalisme sont désormais des éléments indissociables de l’enseignement / apprentissage des langues exigeant en même temps des approches pédagogiques particulières. La mise en valeur de ces ressources et de certains objectifs individuels est en conséquence considérée comme condition de l’engagement de l’apprenant dans l’apprentissage. Elle justifie le recours à la notion de compétences communicatives personnelles des apprenants et suscite un intérêt toujours renouvelé pour les questions d’autonomie, de métacognition et de savoir-être. On peut penser que la pertinence de ces problématiques s’accentue encore avec l’usage massif des technologies informatiques et de l’intelligence artificielle par les apprenants. Toutefois, l’apprenant à lui tout seul ne constitue pas le sujet-objet exclusif des investigations didactiques qui portent également sur les enseignants, les démarches pédagogiques et les environnements – aussi bien à distance qu’en présentiel – dans lesquels l’enseignement/apprentissage des langues se déroule. Nous cherchons à travers la notion de sujet en DLE des rapports riches et complexes entre les diverses facettes dont il a été question plus haut. Leur mise en place pourrait se faire par le biais de concepts tels que la médiation, la relation, l’évaluation ou encore la motivation et la créativité.

 

Bibliographie indicative :

Jean-Claude Béacco, L’altérilté en classe de langue. Pour une méthodologie éducative, Éditions Didier, Paris, 2018.

Olivier Bertrand (éd.), Diversités culturelles et apprentissage du français, Éditions de l’École Polytechnique, Palaiseau, 2012.

Conseil de l’Europe, Cadre européen commun de référence pour les langues : apprendre, enseigner, évaluer. Volume complémentaire, Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2018. 

Daniel Coste, Marisa Cavalli, Éducation, mobilité, altérité. Les fonctions de médiation de l’école, Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2015.

Le Français dans le monde, Recherche et Applications, n°72, Hétérogénéité, contextualisation et différenciation en FLE/S, 2022.

Monika Grabowska, L’apprentissage informel des langues étrangères. L’Harmattan, Paris, 2023.

Katarzyna Karpińska-Szaj, Jolanta Zając, « Les activités métacognitives de l’apprenant en langues étrangères en tant qu’objet de recherche. Défis et problèmes méthodologiques », Synergies Pologne no 9, 2012, 21-35.

Neofilolog n° 49/1, Różnice indywidualne w uczeniu się i nauczaniu języków obcych: konteksty edukacyjne, 2017.

Torben Schmidt, Thomas Strasser, « Artificial Intelligence in Foreign Language Learning and Teaching », Anglistik no 33/1, 2022, 165-184.

Maciej Smuk, Od cech osobowości do kompetencji savoir-être – rozwijanie samoświadomości w nauce języków obcych, Werset, Lublin, 2016.

Magdalena Sowa, Maria Mocarz-Kleindienst, Urszula Czyżewska (éds), Nauczanie języków obcych na potrzeby rynku pracy, Wyd. KUL, Lublin, 2015.

Weronika Wilczyńska (éd.). Autonomizacja w dydaktyce języków obcych: doskonalenie się w komunikacji ustnej. Wydawnictwo Naukowe UAM, Poznań, 2002.

Weronika Wilczyńska, Uczyć się czy być nauczanymO autonomii w przyswajaniu języka obcego, Polskie Wydawnictwo Naukowe, Warszawa-Poznań, 1999.

 

4)  Axe traductologique

Catégorie multiple dans les études littéraires et linguistiques, le sujet se dédouble en traductologie. En effet à chaque sujet du texte-source correspond un autre sujet dans le texte-cible ; le nombre de sujets se démultiplie encore si les textes-cibles forment une série, diachronique ou synchronique. Un autre sujet se joint à eux, le sujet traduisant. Double par sa nature (puisqu’il est à la fois sujet lisant et sujet énonçant), le sujet traduisant est en même temps (la langue française permet cette ambiguïté) un sujet-qui-exerce-une-autorité et celui-qui-est-soumis-à-une-autorité ; d’autres rôles restent toutefois aussi envisageables. Le thème proposé par les organisateurs du colloque offre une occasion de s’interroger sur la subjectivité du traducteur à l’époque actuelle, surtout celui qui travaille pour le théâtre, pour le cinéma, pour l’industrie des jeux vidéo, un maillon qui s’insère dans une chaîne complexe. Sans oublier la traduction orale, où tous les sujets de l’acte de communication sont présents non seulement textuellement, mais aussi physiquement.

 

Bibliographie indicative :

Articles du colloque « Sujet et Traduction », Université Autonome de Barcelone, 2004, réunis dans Doletiana : revista de traducció, literatura i arts, 1/2007, disponibles à l’adresse : 2007 : Núm. : 1 | Doletiana : revista de traducción, literatura i arts (raco.cat).

Susanna Fiorini, « L’intelligence artificielle au défi du multilinguisme : usages et perspectives de la traduction automatique neuronale dans la communication scientifique », I2D – Information, données & documents, vol. 1, n° 1, 2022, 73-76.

Mathieu Dosse, « Le sujet traduisant », dans : idem, Poétique de la lecture des traductions : Joyce, Nabokov, Guimarães Rosa, Classiques Garnier, 2016, 319-338.

Aurelia Klimkiewicz, Bakhtine et l’herméneutique : le sujet traduisant en dialogue : De l’herméneutique à la traductologie, Éditions universitaires européennes, 2012.

Magdalena Nowotna, Le sujet, son lieu, son temps. Sémiotique et traduction littéraire, Éditions Peeters, 2002.

Sathya Rao, « Sujet et traduction. De la décision de Ladmiral à la pulsion de Berman », Meta, vol. 52, n° 3, septembre 2007, 477-483.

Notre liste n’étant pas exhaustive, d’autres approches qui mettraient la question du sujet au centre de leurs intérêts seront prises en considération.

 

Comité d’organisation

Alicja Bańczyk

Halina Chmiel-Bożek

Elżbieta Gajewska

Joanna Górnikiewicz

Agnieszka Kocik

Agnieszka Kukuryk

Małgorzata Niziołek

Wojciech Prażuch

Wacław Rapak

 

Comité scientifique

Marzena Chrobak

Teresa Giermak-Zielińska

Krzysztof Jarosz

Teresa Jaroszewska

Teresa Muryn

Anita Staroń

Jolanta Sujecka-Zając

Elżbieta Skibińska

Tomasz Swoboda

Marcela Świątkowska

Teresa Tomaszkiewicz

Grażyna Vetulani

Bernadeta Wojciechowska

 

Informations pratiques

Les inscriptions se font exclusivement en ligne au moyen du formulaire disponible à l’adresse suivante : https://congresplejada2024.uken.krakow.pl/#testimonials

Les propositions (300 mots maximum + références bibliographiques) sont à soumettre au plus tard le 15 mai 2024.

Les notifications concernant les décisions relatives aux propositions seront envoyées fin mai 2024. Le programme définitif sera communiqué en octobre 2024.

Frais d’inscription : 600 zlotys

Les renseignements concernant l’événement seront publiés sur la page web du congrès : https://congresplejada2024.uken.krakow.pl/